Errances miroitées

Dialogue entre un corps et un paysage, le travail “Corps en fuite” propose une recherche sur l’effraction du corps au sein de son environnement. Construite sur la présence d’un miroir, la série invite le sujet à entrer en collision avec le monde organique. Le miroir devient la passerelle entre l’humain et son rapport au monde sensible. Orchestrée par le médium photographique, chaque composition visuelle puise tant dans la performance de l’autoportrait que dans des images littéraires et picturales. Créées à partir de paysages dans le Sud de l’Angleterre, en Camargue et sur la Côte d’Azur, les photographies esquissent une géographie plurielle : symbiose d’un monde aquatique, champêtre et aride. Source d’un vertige, l’entrebâillement du miroir fait apparaître un seuil entre fiction et réalisme. Le miroir promène le regard vers une autre fenêtre. Il projette l’intensité du réel – sa matérialité, sa plasticité, mais surtout son impermanence. Plus qu’une chambre à soi, le miroir s’invite ici telle une chambre intérieure portée sur l’infini du dehors. Véritable conversation entre l’humain et la terre, entre le particulier et l’universel, les photographies convoquent le mystère d’une figuration évanescente. L’autoportrait devient pure impossibilité. Chaque image flotte dans un entre-deux perturbant : entre apparition et disparition. Le flou se veut l’expression d’une ambiguïté : d’un aller-retour entre l’urgence écologique et la jouissance du vivant.